Ordre et désordre : débattre des nouvelles régulations
En un mot :
CHRONOS a vocation à devenir un réseau travaillant sur l’articulation entre crise écologique, crises sociales (deux aspects de la durabilité) et crise cognitive (crises de confiance dans les modèles ou théories de référence mobilisés dans la régulation de systèmes complexes).
CHRONOS suit avec attention le développement des études en gestion y compris parfois dans une perspective critique sur les modèles dominants (Critical Management Studies) et travaille au développement d’une approche responsable en gestion des organisations.
CHRONOS s’intéresse aux problèmes de perte de contrôle des activités humaines dans les organisations et le rapport au travail, danger lié à la dimension procédurale de la gestion.
Le réseau CHRONOS (Chantier de réflexion et d’observation sur les normes systémiques) s’est constitué à partir de la prise de conscience de la nécessité d’une réflexion renouvelée sur les rapports entre normes, normalisation des pratiques professionnelle et régulation des systèmes complexes (faisant intervenir à la fois l’encadrement institutionnel, les outils mobilisés, la prise de responsabilité, le dialogue et le maniement collectif de théories, modèles et connaissances).
CHRONOS abordera en particulier les enjeux de la construction de nouvelles normes de régulation dans un environnement marqué par la complexité. La relation entre régulation et complexité sera examinée en prenant en compte un risque déjà relevé par Norbert Wiener, celui de la robotisation des activités humaines dans une démarche totalisante. Les réflexions de Jean Baudrillard sur le simulacre et Georges Bataille sur la souveraineté apparaissent également pertinentes pour ces questions aujourd’hui.
CHRONOS examinera les objets et outils techniques qui sont des vecteurs de la globalisation financière (mesures de risque, méthodologie de l’appréciation des impacts, indicateurs de performance environnementale, etc.) souvent appelée “financiarisation”. Ces indicateurs jouent un rôle dans les croyances et les pratiques reliées (à tort ou à raison) aux ambitions en matière de transition écologique.
Dans le champ financier, à partir des années 1980, les voies dominantes de la théorisation ont conduit à une représentation assez particulière des risques des marchés et de leur régulation. Cette perspective, dont le maniement est entré en contact avec des convictions et des ambitions néolibérales, a certainement joué un rôle dans les accidents financiers (crise de 2008) mais aussi dans les rapports de plus en plus problématiques de la financiarisation à l’économie réelle et à l’environnement.
Si les critiques politiques ou idéologiques de la finance ont remis en question l’ « évidence » de l’efficacité informationnelle des marchés et les fondements conceptuels de l’usage de la notion d’équilibre, ces approches ont cependant délaissé la critique pourtant nécessaire des représentations du risque et des modélisations du risque financier, et d’une manière générale l’enjeu des métriques présupposées dans les réglementations. Les débats autour des métriques vertes ou de la finance humaniste sont marqués par ces enjeux. De nouvelles formes de régulation apparaissent en lien avec la transition écologique de la finance et les enjeux de la crise climatique et environnementale, dans un contexte marqué par l’émergence des données massives.
Dans des systèmes sociaux fortement marqués par l’appropriation collective de connaissances à la fois décisives et vulnérables, et en des temps qui voient renaître de grandes incertitudes, les questions de responsabilité épistémique et de rapport réfléchi aux normes se posent inéluctablement et appellent des efforts théoriques autant qu’une réflexion appliquée à partir des pratiques.